CONFIDENCES MÊLÉES

CONFIDENCES MÊLÉES

Je suis seule dans le noir. Pas d’étoiles dans le ciel. En face, ma rue est éclairée par les lampadaires de la ville. Des gens m’ont appelée pour la Saint-Valentin, surtout sachant que je me remets de la COVID, le fameux virus international. Confinement obligatoire. Céci a déposé une épicerie sur mon palier.

Je pense à mon âge et à ceux qui souffrent partout dans le monde : tremblements de terre, inondations, volcans, sécheresse. Je pense à mes déceptions récentes. Je souhaitais vraiment ce poste au parlement et la subvention pour mes 3 spectacles. Mes pensées tourbillonnent dans ma tête et, finalement, je n’ai pas à me plaindre.

Mon ordinateur va bientôt rendre l’âme. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je ne peux me permettre un endettement. Le coût de la vie a tellement augmenté. Des compagnies ont profité des circonstances pour monter des prix et voler le pauvre monde. Les gens le savent…  Les profits annoncés battent des records alors que les paiements de loyers battent de l’aile…

Presqu’à tous les jours, la nécrologie annonce des décès dans ma ville ou dans les environs. Ces gens ont une histoire. Va-t-elle leur survivre? Une vieille dame m’a demandé d’écrire un livre sur son vécu. Je n’avais pas le temps. Elle est décédée et plus personne ne parle d’elle. J’ai des regrets.

De l’artisanat pour mes petits-enfants m’occupent. En arrière de mon œuvre, j’ai indiqué que je les aimais pour la vie et qu’ils étaient importants pour moi.

Depuis mon divorce (premier mariage) les nouvelles de ma fille se font rares. C’est une personne très occupée. Elle est plus près de son père qui a quitté l’Abitibi avec elle. Je crois que je ne la connais pas vraiment. Je ne sais pas beaucoup de détails sur son existence. Elle s’est remariée sans ma présence. Je lui souhaite du bonheur. Son seul enfant, mon petit-fils, c’est à peine si je l’ai vu 2 ou 3 fois. 

La question existentielle : je fais quoi de ma vie pour l’avenir? Je dois revoir mon testament et préparer ma mort. Ça, c’est officiel. Encore des coûts… 

La poésie, pour moi, c’était vital. Les livres que j’ai édités, on me les a volés. Ils sont vendus ici et là dans le monde et je n’ai pas donné mon accord. Je ne reçois aucun droit d’auteur. Ils font de l’argent avec mon travail. Personne ne m’aide. De là ma décision de l’offrir à tout le monde au niveau international. Mon site web est gratuit. Et puis, il y en a tellement qui n’ont pas les moyens de se payer des livres! J’aide au moins des enseignantes et des enseignants dans l’apprentissage du français. J’apprécie leurs remerciements et leur reconnaissance.

On m’a récompensée par un doctorat H.C., par des hommages, par des certificats d’appréciation, par de si beaux commentaires sur mes textes poétiques! Des gens traduisent mes écrits en arabe. Beaucoup de papiers à classer mais quand je ne serai plus, que va faire la personne qui va faire le ménage du classeur?

Je me cherche. Pourquoi je continue? C’est tant de travail! 340 groupes de poésie en plus de mes 2 pages Facebook et de mon site. J’ai le sentiment que de travailler à ce point m’aide à remplir un vide. J’ai l’impression que si j’arrête, je risque de mourir. C’est comme une drogue de chaque jour. Une discipline que je me suis imposée depuis plus de 15 ans et, aujourd’hui, suite à plusieurs déceptions dans mon pays, je panique sans savoir quoi faire. Qui ça intéresse?

C’est probablement ce virus… Il m’a trop attaquée. Demain, je serai moins bouleversée. L’appétit va me revenir avec mes forces. Il y aura peut-être des étoiles la semaine prochaine?

On dit qu’écrire exorcise le mal…


Louise

Mes fidèles lecteurs depuis toujours connaissent mon penchant pour les papillons. Dans une autre vie, peut-être…


Image d’un monarque sur fleurs : Ulrique leone de Pixabay.

Image d’un papillon bleu : Ervin Gjata de Pixabay.